27 janvier 2014

Place de la tradition atlantéenne dans le Manvantara

Voir René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (texte intégral)

Nous avons précédemment, sous le titre Atlantide et Hyperborée, signalé la confusion qui est faite trop fréquemment entre la Tradition primordiale, originellement « polaire » au sens littéral du mot, et dont le point de départ est celui même du présent Manvantara, et la tradition dérivée et secondaire que fut la tradition atlantéenne, se rapportant à une période beaucoup plus restreinte. Nous avons dit alors, et ailleurs aussi diverses reprises,(1) que cette confusion pouvait s’expliquer, dans une certaine mesure, par le fait que les centres spirituels subordonnés étaient constitués à l’image du Centre suprême, et que les mêmes dénominations leur avaient été appliquées. C’est ainsi que la Tula atlante, dont le nom s’est conservé dans
l’Amérique centrale où il fut apporté par les Toltèques, dut être le siège d’un pouvoir spirituel qui était comme une émanation de celui de la Tula hyperboréenne ; et, comme ce nom de Tula désigne la Balance, sa double application est en rapport étroit avec le transfert de cette même désignation de la constellation polaire de la Grande Ourse au signe zodiacal qui, actuellement encore, porte ce nom de la Balance.


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II. Atlantide et Hyperborée

Voir René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (texte intégral)

Dans Atlantis (juin 1929), M. Paul Le Cour relève la note de notre article de mai dernier, (1) dans laquelle nous affirmions la distinction de l’Hyperborée et de l’Atlantide, contre ceux qui veulent les confondre et qui parlent d’ « Atlantide hyperboréenne ». A vrai dire, bien que cette expression semble en effet appartenir en propre à M. Le Cour, nous ne pensions pas uniquement à lui en écrivant cette note, car il n’est pas seul à commettre la confusion dont il s’agit ; on la trouve également chez M. Herman Wirth, auteur d’un important ouvrage sur les origines de l’humanité (Der Aufgang der Menschheit) paru récemment en Allemagne, et qui emploie constamment le terme « nord-atlantique » pour désigner la région qui fut le point de départ de la tradition primordiale. Par contre, M. Le Cour est bien le seul, à notre connaissance tout au moins, qui nous ait prêté à nous-même l’affirmation de l’existence d’une « Atlantide hyperboréenne » ; si nous ne l’avions point nommé à ce propos, c’est que les questions de personnes comptent fort peu pour nous, et que la seule chose qui nous importait était de mettre nos lecteurs en garde contre une fausse interprétation, d’où qu’elle pût venir. Nous nous demandons comment M. Le Cour nous a lu ; nous nous le demandons même plus
que jamais, car voilà maintenant qu’il nous fait dire que le pôle Nord, à l’époque des origines, « n’était point celui d’aujourd’hui, mais une région voisine, semble-t-il, de l’Islande et du Groenland » ; où a-t-il bien pu trouver cela ? Nous sommes absolument certain de n’avoir jamais écrit un seul mot là-dessus, de n’avoir jamais fait la moindre allusion à cette question, d’ailleurs secondaire à notre point de vue, d’un déplacement possible du pôle depuis le début du notre Manvantara, (2) à plus forte raison n’avons-nous jamais précisé sa situation originelle qui d’ailleurs serait peut-être, pour bien des motifs divers, assez difficile à définir par rapport aux terres actuelles. M. Le Cour dit encore que, « malgré notre hindouisme, nous convenons que l’origine des traditions est occidentale » ; nous n’en convenons nullement, bien au contraire, car nous disons qu’elle est polaire, et le pôle, que nous sachions, n’est pas plus occidental qu’oriental ; nous persistons à penser que, comme nous le disions dans la note visée, le Nord et l’Ouest sont deux point cardinaux différents.


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26 janvier 2014

Gaston Georgel : Les Rythmes dans l’Histoire. (fragment)

Voir René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (texte intégral)

Nous avons rendu compte de ce livre lorsque parut sa première édition (numéro d’octobre 1937) ; à cette époque, l’auteur, comme il l’indique du reste dans l’avant-propos de la nouvelle édition, ne connaissait presque rien des données traditionnelles sur les cycles, si bien que c’est en somme par une heureuse rencontre qu’il était arrivé à en retrouver quelques-unes en partant d’un point de vue tout « empirique », et notamment à soupçonner l’importance de la précession des équinoxes. Les quelques remarques que nous fîmes alors eurent pour conséquence de l’orienter vers des études plus approfondies, ce dont nous ne pouvons certes que nous féliciter, et nous devons lui exprimer nos remerciements de ce qu’il veut bien dire à
ce sujet en ce qui nous concerne. Il a donc modifié et complété son ouvrage sur de nombreux points, ajoutant quelques chapitres ou paragraphes nouveaux, dont un sur l’historique de la question des cycles, corrigeant diverses inexactitudes, et supprimant les considérations douteuses qu’il avait tout d’abord acceptées sur la foi d’écrivains occultistes, faute de pouvoir les comparer avec des données plus authentiques.


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Gaston Georgel : Les Rythmes dans l’Histoire (fragment)

Voir René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (texte intégral)

Ce livre constitue un essai d’application des cycles cosmiques à l’histoire des peuples, aux phases de croissance et de décadence des civilisations ; il est vraiment dommage que l’auteur, pour entreprendre un tel travail, n’ait pas eu à sa disposition des données traditionnelles plus complètes, et que même il n’en ait connu quelques-unes qu’à travers des intermédiaires plus ou moins douteux et qui y ont mêlé leurs propres imaginations. Il a cependant bien vu que ce qu’il y a d’essentiel à considérer, c’est la période de la précession des équinoxes et ses divisions, encore qu’il y adjoigne quelques complications qui semblent assez peu utiles au fond ; mais la terminologie adoptée pour désigner certaines périodes secondaires trahit bien des méprises et des confusions. Ainsi, le douzième de la précession ne peut certainement pas être appelé « année cosmique » ; ce nom conviendrait beaucoup mieux, soit à la période entière, soit plutôt encore à sa moitié qui est précisément la « grande année » des Anciens.


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Mircea Eliade : Le Mythe de l’éternel retour. Archétypes et répétition (fragment)

Voir René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (texte intégral)

Le titre de ce petit volume, qui d’ailleurs ne répond pas exactement à son contenu, ne nous paraît pas très heureux, car il fait inévitablement penser aux conceptions modernes auxquelles s’applique habituellement ce nom d’ « éternel retour », et qui, outre la confusion de l’éternité avec la durée indéfinie, impliquent l’existence d’une répétition impossible, et nettement contraire à la véritable notion traditionnelle des cycles, suivant laquelle il y a seulement correspondance et non pas identité ; il y a là en somme, dans l’ordre macrocosmique, une différence comparable à celle qui existe, dans l’ordre microcosmique, entre l’idée de la réincarnation et celle du passage de l’être à travers les états multiples de la manifestation. En fait, ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans le livre de M. Eliade et ce qu’il entend par « répétition » n’est pas autre chose que la reproduction ou plutôt l’imitation rituelle de « ce qui fut fait au commencement ». Dans une civilisation intégralement traditionnelle, tout procède d’ « archétypes célestes » : Ainsi, les villes, les temples et les demeures sont toujours édifiés suivant un modèle cosmique ; une autre question connexe, et que même, au fond, diffère beaucoup moins de celle-là que l’auteur ne semble le penser, est celle de l’identification symbolique avec le « Centre ». Ce sont là des choses dont nous avons eu nous-même à parler bien souvent ; M. Eliade a réuni de nombreux exemples se référant aux traditions les plus diverses, ce qui montre bien l’universalité et pourrions-nous le dire, la « normalité » de ces conceptions. Il passe ensuite à l’étude des rites proprement dits, toujours au même point de vue ; mais il est un point sur lequel nous devons faire une sérieuse réserve : il parle d’ « archétypes des activités profanes », alors que précisément, tant qu’une civilisation garde un caractère intégralement traditionnel, il n’y a pas d’activités profanes : nous croyons comprendre que ce qu’il désigne ainsi, c’est ce qui devenu profane par suite d’une certaine dégénérescence, ce qui est bien différent, car alors, et par là même, il ne peut plus être question d’ « archétypes », le profane n’étant tel que parce que n’est plus relié à aucun  principe transcendant d’ailleurs, il n’y a certainement rien de profane dans les exemples qu’il donne (danses rituelles, sacre d’un roi, médecine traditionnelle).


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I. Quelques remarques sur la doctrine des cycles cosmiques

Voir René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (texte intégral)

On nous a parfois demandé, (1) à propos des allusions que nous avons été amené à faire çà et là à la doctrine hindoue des cycles cosmiques et à ses équivalents qui se rencontrent dans d’autres traditions, si nous ne pourrions en donner, sinon un exposé complet, tout au moins une vue d’ensemble suffisante pour en dégager les grandes lignes. A la vérité, il nous semble que c’est là une tâche à peu près impossible, non seulement parce que la question est fort complexe en elle-même, mais surtout à cause de l’extrême difficulté qu’il y a à exprimer ces choses en une langue européenne et de façon à les rendre intelligibles à la mentalité
occidentale actuelle, qui n’a nullement l’habitude de ce genre de considérations. Tout ce qu’il est réellement possible de faire, à notre avis, c’est de chercher à éclaircir quelques points par des remarques telles que celles qui vont suivre, et qui ne peuvent en somme avoir aucune prétention que d’apporter de simples suggestions sur le sens de la doctrine dont il s’agit, bien plutôt que d’expliquer celle-ci véritablement. Nous devons considérer un cycle, dans l’acception la plus générale de ce terme, comme représentant le processus de développement d’un état quelconque de manifestation, ou, s’il s’agit de cycles mineurs, de quelqu’une des modalités plus ou moins restreintes et spécialisées de cet état. D’ailleurs, en vertu de la loi de correspondance qui relie toutes choses dans l’Existence universelle, il y a toujours et nécessairement une certaine analogie soit entre les différents cycles de même ordre, soit entre les cycles principaux et leurs divisions secondaires. C’est là ce qui permet d’employer, pour en parler, un seul et même mode d’expression, bien que celui-ci ne doive souvent être entendu que symboliquement, l’essence même de tout symbolisme étant précisément de se fonder sur les correspondances et les analogies qui existent réellement dans la nature des choses. Nous voulons surtout faire allusion ici à la forme « chronologique » sous laquelle se présente la doctrine des cycles : Le Kalpa représentant le développement total d’un monde, c'est-à-dire
d’un état ou degré de l’Existence universelle, il est évident qu’on ne pourra parler littéralement de la durée d’un Kalpa, évaluée suivant une mesure de temps quelconque, que s’il s’agit de celui qui se rapporte à l’état dont le temps est une des conditions déterminantes, et qui constitue proprement notre monde. Partout ailleurs, cette considération de la durée et de la succession qu’elle implique ne pourra plus avoir qu’une valeur symbolique et devra être transposée analogiquement, la succession temporelle n’étant alors qu’une image de l’enchaînement, logique et ontologique à la fois, d’une série « extra-temporelle » de causes et d’effets ; mais, d’autre part, comme le langage humain ne peut exprimer directement d’autres conditions que celles de notre état, un tel symbolisme est par là même justifié et doit être regardé comme parfaitement naturel et normal. Nous n’avons pas l’intention de nous occuper présentement des cycles les plus étendus, tels que les Kalpas ; nous nous bornerons à ceux qui se déroulent à l’intérieur de notre Kalpa, c'est-à-dire aux Manvantaras et à leurs subdivisions. A ce niveau, les cycles ont un caractère à la fois cosmique et historique, car ils concernent plus spécialement l’humanité terrestre, tout en étant en même temps étroitement liés aux évènements qui se produisent dans notre monde en dehors de celle-ci. Il n’y a là rien dont on doive s’étonner, car l’idée de considérer l’histoire humaine comme isolée en quelque sorte de tout le reste est exclusivement moderne et nettement opposée à ce qu’enseignent toutes les traditions, qui affirment au contraire, unanimement une corrélation nécessaire et constante entre les deux ordres cosmiques et humains.


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25 janvier 2014

René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques (texte intégral)

On aurait pu intituler les articles réunis pour la première fois dans ce recueil « Fragments d’une histoire inconnue » puisque, après une étude sur les cycles cosmiques, on trouve deux articles sur l’Atlantide et l’Hyperborée, suivis de textes sur les traditions hébraïque, égyptienne et gréco-latine. Les connaissances cosmologiques traditionnelles contenues dans Le Roi du Monde, Le Règne de la Quantité, Symboles fondamentaux de la science sacrée et dans le présent volume constituent une somme qui n’a, sans doute, son équivalent dans aucune langue.

René Guénon naquit à Blois le 15 novembre 1886 et mourut au Caire le 7 janvier 1951.

AVANT-PROPOS
Les articles réunis dans le présent recueil représentent l’aspect le plus « original » peut-être – le plus déconcertant aussi pour nombre de lecteurs – de l’oeuvre de René Guénon. On aurait pu l’intituler Fragments d’une histoire inconnue, mais d’une histoire qui englobe protohistoire et préhistoire puisqu’elle commence avec la Tradition primordiale contemporaine des débuts de la présente humanité. Ce sont des fragments destinés à demeurer tels en ce sens qu’il eût été sans doute impossible à Guénon lui-même de présenter cette histoire de manière continue et sans lacunes car les sources traditionnelles qui lui en ont
fourni les éléments étaient vraisemblablement multiples. Ce sont des fragments aussi en un autre sens car on n’a pu réunir ici que les textes non encore incorporés dans de précédents volumes soit par Guénon lui-même, soit par les compilateurs de recueils posthumes déjà publiés.


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